Coordonner l’aide à domicile, aider au suivi thérapeutique, gérer les contraintes dans la relation avec le patient, trouver des ressources complémentaires (juridiques, financières, soignantes), imaginer des solutions de suivi ou d’accompagnement pour son proche à distance…Toutes ces compétences de la vie extra-professionnelle peuvent être valorisées en entreprise. C’est en tout cas la conviction d’AG2R La Mondiale qui a créé en 2020, avec l’Association française des aidants et le Cercle des vulnérabilités et société, un référentiel de compétences, afin de faciliter et d’accompagner le retour à l’emploi des aidants.
A l’origine du projet, Laëtitia Geneste, directrice du secrétariat général de la retraite complémentaire et de l’action sociale et Cloé Pillot-Tonnelier, chargée de missions Partenariats et projets au sein de la direction de l’action sociale du groupe AG2R La Mondiale. Pour ce faire, elles se sont appuyées sur les prévisions du Forum économique mondial de Davos qui ciblent les compétences les plus recherchées à partir de 2025. « Il s’agit des compétences non pas spécifiques au médico-social mais plus généralistes, transposables dans toutes les entreprises, insiste Cloé Pillot-Tonnelier. Ce référentiel s’adresse à tous les métiers et à tous les horizons professionnels ».
« Au lieu d’être perçue comme un frein, l’aidance devient en réalité un catalyseur de savoir-faire et de savoir-être qui ont toute leur place dans un parcours professionnel », poursuit Cloé Pillot-Tonnelier.
Les deux expertes sont entourées d’un comité d’experts, composé à la fois, des représentants du monde universitaire, d’associations d’aidance mais aussi de France travail et d’entreprises du travail temporaire.
Quatre catégories ont été définies : la capacité à travailler avec les autres, la faculté à résoudre des problèmes complexes, l’auto-organisation et la maîtrise des équipements technologiques.
Un réflexe encore rare. Mais nécessaire. Car ces compétences peuvent améliorer l’employabilité des aidants. « Notre démarche vise à permettre aux aidants de revenir plus confiants, à les aider à se réinvestir dans la vie professionnelle ». « Cette expérience ne doit pas être considérée comme une double peine, elle est formatrice et transformatrice car elle génère et renforce des savoir-faire et des savoir-être recherchés au sein d’un collectif de travail, complète Laëtitia Geneste. Elle favorise ainsi le retour ou le maintien dans l’emploi des proches aidants qui peuvent, avec ces nouvelles aptitudes, contribuer à la performance collective. L’entreprise a tout à y gagné ».
Or, les aidants, pris dans les contraintes et la difficile gestion du quotidien, ignorent le plus souvent ce potentiel. C’est pourquoi, AG2R La Mondiale a développé, en parallèle, un questionnaire d’auto-évaluation et d’identification de 23 compétences spécifiques, construit à partir des tâches et des actions réalisées au quotidien. Il permet d’identifier les savoir-faire et savoir-être mobilisés. Par ailleurs, l’entreprise a mis au point un manuel à destination des acteurs de l’accompagnement en emploi, des recruteurs, dirigeants et des managers. Objectif ? Proposer des fiches-repères pour aider à l’évaluation sur la base des situations d’aidance très concrètes.
Enfin, AG2R La Mondiale a mené une expérimentation auprès d’entreprises pionnières pour mesurer la pertinence d’une telle démarche.
Reste toutefois des points de vigilance. « Il est important de ne pas susciter de faux espoirs, quant à la reconnaissance de ces acquis ». A fortiori, si l’entreprise n’envisage pas de la faire. Surtout, ce sujet doit être pris en charge par les services RH, les mieux à même de flécher ces compétences vers une évolution de poste, ou une réaffectation de missions, de tâches, dans le cadre d’une politique RH prospective.
La démarche est, pour l’heure, en cours d’appropriation par le service RH. A suivre…
